Page:Maupassant - Sur l'eau, 1888.djvu/22

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Maintenant le soleil rayonne, non de la terre, rend étincelants les murs des maisons, qui, de loin, ont l’air aussi de neige éparpillée, et jette sur la mer un clair vernis lumineux et bleuté.

Peu à peu, profitant des moindres souffles, de ces caresses de l’air qu’on sent à peine sur la peau et qui cependant font glisser sur l’eau plate les yachts sensibles et bien voilés, nous dépassons la dernière pointe du cap et nous découvrons tout entier le golfe Juan, avec l’escadre au milieu.

De loin, les cuirassés ont l’air de rocs, d’îlots, d’écueils couverts d’arbres morts. La fumée d’un train court sur la rive allant de Cannes à Juan-les-Pins qui sera peut-être, plus tard, la plus jolie station de toute la côte. Trois tartanes avec leurs voiles latines, dont une est rouge et les deux autres blanches, sont arrêtées dans le passage entre Sainte-Marguerite et la terre.

C’est le calme, le calme doux et chaud d’un matin de printemps dans le midi ; et déjà, il me semble que j’ai quitté depuis des semaines,