Page:Maupassant - Théâtre, OC, Conard, 1910.djvu/159

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LÉON.

Mais alors, qu’est-ce que tu proposes ?


PETITPRÉ.

Mais, parbleu, un divorce ! Le scandale de ce soir suffit.


MADAME DE RONCHARD, se levant.

Gilberte divorcée !... Mais tu n’y songes pas !... La moitié de nos amis lui fermant leur porte, la plupart de ses relations perdues... Le divorce !... Allez ! allez ! malgré vos lois nouvelles, il n’est pas entré dans nos mœurs et n’y entrera pas de sitôt... La religion le défend, le monde ne l’accepte qu’en rechignant, et quand on a contre soi la religion et le monde...


PETITPRÉ.

Cependant les statistiques prouvent...


MADAME DE RONCHARD.

Ah ! les statistiques ! On leur fait dire ce qu’on veut, aux statistiques !... Non ! pas de divorce pour Gilberte ! (Mouvement de détente de tous. D’une voix douce.) Une bonne petite séparation tout simplement, c’est admis, au moins, ça... c’est de bon ton... On se sépare... Je me suis séparée, moi... Tous les gens comme il faut se séparent, ça va très bien comme ça, tandis que divorcer...


LÉON, sérieux.

Il me semble à moi qu’une seule personne a le droit d’avoir une volonté et nous l’oublions trop ! (A sa sœur.)