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YVETTE.

penchant par mouvements adoucis, plus blond que sa robe, un bijou de chair, qui portait le lourd paquet de ses cheveux d’or.

Servigny la regardait longuement. Il prononça :

— Vous êtes adorable, ce soir, mam’zelle. Je voudrais vous voir toujours ainsi.

Elle lui dit, avec un peu de sa malice ordinaire :

— Ne me faites pas de déclaration. Muscade. Je la prendrais au sérieux aujourd’hui, et ça pourrait vous coûter cher !

La marquise paraissait heureuse, très heureuse. Tout en noir, noblement drapée dans une robe sévère qui dessinait ses lignes pleines et fortes, un peu de rouge au corsage, une guirlande d’œillets rouges tombant de la ceinture, comme une chaîne, et remontant s’attacher sur la hanche, une rose rouge dans ses cheveux sombres, elle portait dans toute sa personne, dans cette toilette simple où ces fleurs semblaient saigner, dans son regard qui pesait, ce soir-là, sur les gens, dans sa voix lente, dans ses gestes rares, quelque chose d’ardent.

Saval aussi semblait sérieux, absorbé. De temps en temps, il prenait dans sa main, d’un