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YVETTE.

— À votre mère ? non, c’est trop fort !

Elle était devenue soudain très sérieuse, et, le regardant au fond des yeux :

— Écoutez, Muscade, si vous m’aimez vraiment assez pour m’épouser, parlez à maman d’abord, moi je vous répondrai après.

Il crut qu’elle se moquait encore de lui, et, rageant tout à fait :

— Mam’zelle, vous me prenez pour un autre.

Elle le regardait toujours, de son œil doux et clair.

Elle hésita, puis elle dit :

— Je ne vous comprends toujours pas !

Alors, il prononça vivement, avec quelque chose de brusque et de mauvais dans la voix :

— Voyons, Yvette, finissons cette comédie ridicule qui dure depuis trop longtemps. Vous jouez à la petite fille niaise, et ce rôle ne vous va point, croyez-moi. Vous savez bien qu’il ne peut s’agir de mariage entre nous… mais d’amour. Je vous ai dit que je vous aimais, — c’est la vérité, — je le répète, je vous aime. Ne faites plus semblant de ne pas comprendre et ne me traitez pas comme un sot.

Ils étaient debout dans l’eau face à face, se