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YVETTE.

soutenant seulement par de petits mouvements des mains. Elle demeura quelques secondes encore immobile, comme si elle ne pouvait se décider à pénétrer le sens de ses paroles, puis elle rougit tout à coup, elle rougit jusqu’aux cheveux. Toute sa figure s’empourpra brusquement depuis son cou jusqu’à ses oreilles qui devinrent presque violettes, et, sans répondre un mot, elle se sauva vers la terre, nageant de toute sa force, par grandes brasses précipitées. Il ne la pouvait rejoindre et il soufflait de fatigue en la suivant.

Il la vit sortir de l’eau, ramasser son peignoir et gagner sa cabine sans s’être retournée.

Il fut longtemps à s’habiller, très perplexe sur ce qu’il avait à faire, cherchant ce qu’il allait lui dire, se demandant s’il devait s’excuser ou persévérer.

Quand il fut prêt, elle était partie, partie toute seule. Il rentra lentement, anxieux et troublé.

La marquise se promenait au bras de Saval dans l’allée ronde, autour du gazon.

En voyant Servigny, elle prononça, de cet air nonchalant qu’elle gardait depuis la veille :