Page:Maupassant - Yvette.djvu/129

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Puis, saisie par une émotion subite et terrible, elle se mit à suffoquer. La marquise, étonnée, demanda de nouveau :

— Qu’est-ce que tu as donc ?

Alors, oubliant tous ses projets et ses phrases préparées, la jeune fille cacha sa figure dans ses deux mains en balbutiant :

— Oh ! maman, oh ! maman !

Mme Obardi demeura debout devant le lit, trop émue pour bien comprendre, mais devinant presque tout, avec cet instinct subtil d’où venait sa force.

Comme Yvette ne pouvait parler, étranglée par les larmes, sa mère, énervée à la fin et sentant approcher une explication redoutable, demanda brusquement :

— Voyons, me diras-tu ce qui te prend ?

Yvette put à peine prononcer :

— Oh ! cette nuit… j’ai vu… ta fenêtre.

La marquise, très pâle, articula :

— Eh bien ! quoi ?

Sa fille répéta, toujours en sanglotant :

— Oh ! maman, oh ! maman !

Mme Obardi, dont la crainte et l’embarras se changeaient en colère, haussa les épaules et se retourna pour s’en aller.