Page:Maupassant - Yvette.djvu/313

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Je vins le lendemain voir Berthe, pour épier, sur son visage, si quelque chose avait tressailli en elle. Mais je la trouvai semblable à ce qu’elle était tous les jours, uniquement préoccupée de la pendule et du dîner. Lui, au contraire, semblait fort épris et cherchait à exciter la gaieté et l’affection de sa femme par les petits jeux et les agaceries qu’on emploie avec les jeunes chats.

Il n’avait rien trouvé de mieux.

Je me mis alors à faire des visites fréquentes aux nouveaux époux, et je m’aperçus bientôt que la jeune femme reconnaissait son mari et jetait sur lui les regards avides qu’elle n’avait eus, jusqu’ici, que pour les plats sucrés.

Elle suivait ses mouvements, distinguait son pas dans l’escalier ou dans les chambres voisines, battait des mains quand il entrait, et son visage transfiguré s’éclairait d’une flamme de bonheur profond et de désir.

Elle l’aimait de tout son corps, de toute son âme, de toute sa pauvre âme infirme, de tout son cœur, de tout son pauvre cœur de bête reconnaissante.

C’était vraiment une image admirable et naïve de la passion simple, de la passion charnelle et