Page:Maupassant - Yvette.djvu/56

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— Et de trois. Alors vous avez eu le coup de foudre pour le baron Saval, ici présent.

— Pour M. de Rhodes fils, non, il est trop fort. Il me semblerait que j’aime l’arc de triomphe de l’Étoile.

— Alors, mam’zelle, il est indubitable que vous êtes amoureuse de moi, car je suis le seul de vos adorateurs dont nous n’ayons point encore parlé. Je m’étais réservé, par modestie, et par prudence. Il me reste à vous remercier.

Elle répondit, avec une grâce joyeuse :

— De vous, Muscade ? Ah ! mais non. Je vous aime bien… Mais, je ne vous aime pas… attendez, je ne veux pas vous décourager. Je ne vous aime pas… encore. Vous avez des chances… peut-être… Persévérez, Muscade, soyez dévoué, empressé, soumis, plein de soins, de prévenances, docile à mes moindres caprices, prêt à tout pour me plaire… et nous verrons… plus tard.

— Mais mam’zelle, tout ce que vous réclamez là, j’aimerais mieux vous le fournir après qu’avant, si ça ne vous faisait rien.

Elle demanda d’un air ingénu de soubrette :

— Après quoi ?… Muscade.

— Après que vous m’aurez montré que vous m’aimez, parbleu !