Page:Maupassant Bel-ami.djvu/140

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Georges voulut la suivre, mais elle cria : — Je te défends de descendre ! — d’une voix si forte que les passants se massèrent autour d’elle ; et Duroy ne bougea point par crainte d’un scandale.

Alors elle tira sa bourse de sa poche et chercha de la monnaie à la lueur de la lanterne, puis ayant pris deux francs cinquante elle les mit dans les mains du cocher, en lui disant d’un ton vibrant : — Tenez… voilà votre heure… C’est moi qui paye… Et reconduisez-moi ce salop-là rue Boursault, aux Batignolles.

Une gaîté s’éleva dans le groupe qui l’entourait. Un monsieur dit : — Bravo, la petite ! et un jeune voyou arrêté entre les roues du fiacre, enfonçant sa tête dans la portière ouverte, cria avec un accent suraigu : — Bonsoir, Bibi !

Puis la voiture se remit en marche, poursuivie par des rires.