Page:Maupassant Bel-ami.djvu/186

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et il rentra chez lui pour s’habiller, sans trop savoir ce qu’il faisait. Donc, on l’avait insulté, et d’une telle façon qu’aucune hésitation n’était possible. Pourquoi ? Pour rien. À propos d’une vieille femme qui s’était querellée avec son boucher.

Il s’habilla bien vite et se rendit chez M. Walter, quoiqu’il fût à peine huit heures du matin.

M. Walter, déjà levé, lisait la Plume. — Eh bien, dit-il avec un visage grave, en apercevant Duroy, vous ne pouvez pas reculer ?

Le jeune homme ne répondit rien. Le directeur reprit : — Allez tout de suite trouver Rival qui se chargera de vos intérêts.

Duroy balbutia quelques mots vagues et sortit pour se rendre chez le chroniqueur, qui dormait encore. Il sauta du lit, au coup de sonnette, puis ayant lu l’écho : — Bigre, il faut y aller. Qui voyez-vous comme autre témoin ?

— Mais, je ne sais pas, moi.

— Boisrenard ? — Qu’en pensez-vous ?

— Oui, Boisrenard.

— Êtes-vous fort aux armes ?

— Pas du tout.

— Ah ! diable ! Et au pistolet ?

— Je tire un peu.

— Bon. Vous allez vous exercer pendant que je m’occuperai de tout. Attendez-moi une minute.

Il passa dans son cabinet de toilette et reparut bientôt, lavé, rasé, correct.

— Venez avec moi, dit-il.

Il habitait au rez-de-chaussée d’un petit hôtel, et il fit descendre Duroy dans la cave, une cave énorme, convertie en salle d’armes et en tir, toutes les ouvertures sur la rue étant bouchées.