Page:Maupassant Bel-ami.djvu/202

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Il se mit à rire :

— D’ailleurs, il est à mon nom.

Mais elle refusait toujours : — Non, non, je ne veux pas…

— Pourquoi ça, enfin ?

Alors elle chuchota tout bas, tendrement : — Parce que tu y amènerais des femmes, et je ne veux pas.

Il s’indigna : — Jamais de la vie, par exemple. Je te le promets.

— Non, tu en amènerais tout de même.

— Je te le jure.

— Bien vrai ?

— Bien vrai. Parole d’honneur. C’est notre maison, ça, rien qu’à nous.

Elle l’étreignit dans un élan d’amour : — Alors je veux bien, mon chéri. Mais tu sais, si tu me trompes une fois, rien qu’une fois, ce sera fini entre nous, fini pour toujours.

Il jura encore avec des protestations, et il fut convenu qu’il s’installerait le jour même, afin qu’elle pût le voir quand elle passerait devant la porte.

Puis elle lui dit :

— En tout cas, viens dîner dimanche. Mon mari te trouve charmant.

Il fut flatté :

— Ah ! vraiment ?…

— Oui, tu as fait sa conquête. Et puis écoute, tu m’as dit que tu avais été élevé dans un château à la campagne, n’est-ce pas ?

— Oui, pourquoi ?

— Alors tu dois connaître un peu la culture ?

— Oui.

— Eh bien, parle-lui de jardinage et de récoltes, il aime beaucoup ça.