Page:Maupassant Bel-ami.djvu/322

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Relevez-vous, dit-il, j’ai justement sur moi la clef du confessionnal. — Et fouillant dans sa poche, il en tira un anneau garni de clefs, puis il en choisit une, et il se dirigea, d’un pas rapide, vers les petites cabanes de bois, sorte de boîtes aux ordures de l’âme, où les croyants vident leurs péchés.

Il entra par la porte du milieu qu’il referma sur lui, et Mme Walter, s’étant jetée dans l’étroite case d’à côté, balbutia avec ferveur, avec un élan passionné d’espérance :

— Bénissez-moi, mon père, parce que j’ai péché.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Du Roy, ayant fait le tour du chœur, descendit la nef de gauche. Il arrivait au milieu quand il rencontra le gros monsieur chauve, allant toujours de son pas tranquille, et il se demanda : — Qu’est-ce que ce particulier-là peut bien faire ici ?

Le promeneur aussi avait ralenti sa marche et regardait Georges avec un désir visible de lui parler. Quand il fut tout près, il salua, et très poliment : — Je vous demande pardon, monsieur, de vous déranger, mais pourriez-vous me dire à quelle époque a été construit ce monument ?

Du Roy répondit :

— Ma foi, je n’en sais trop rien, je pense qu’il y a vingt ans, ou vingt-cinq ans. C’est, d’ailleurs, la première fois que j’y entre.

— Moi aussi. Je ne l’avais jamais vu.

Alors, le journaliste, qu’un intérêt gagnait, reprit :

— Il me semble que vous le visitez avec grand soin. Vous l’étudiez dans ses détails.

L’autre, avec résignation : — Je ne le visite pas, monsieur, j’attends ma femme qui m’a donné rendez-vous ici, et qui est fort en retard.