Page:Maupertuis - Œuvres, Dresde, 1752.djvu/252

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des animaux qui portent plusieurs petits. Le seul animal, ou les seuls animaux spermatiques qui rencontreront quelqu’un de ces lieux, s’y fixeront, s’y attacheront par des filets qui formeront le placenta, et qui l’unissant au corps de la mere, lui portent la nourriture dont il a besoin : les autres périront comme les grains semés dans une terre aride. Car la matrice est d’une étendue immense pour ces animalcules : plusieurs milliers périssent sans pouvoir trouver aucun de ces lieux, ou de ces petites fosses destinées à les recevoir.

La membrane dans laquelle le fœtus se trouve sera semblable à une de ces enveloppes qui tiennent différentes sortes d’insectes sous la forme de chrysalides , dans le passage d’une forme à une autre.

Pour comprendre les changemens qui peuvent arriver au petit animal renfermé dans la matrice, nous pouvons le comparer à d’autres animaux qui éprouvent d’aussi grands changemens, et dont ces changemens se passent sous nos yeux. Si ces métamorphoses méritent encore notre admiration, elles ne doivent plus du moins nous causer de surprise.

Le papillon, et plusieurs especes d’animaux pareils, sont d’abord une espece de ver : l’un vit des feuilles des plantes ; l’autre caché sous terre, en ronge les racines. Après qu’il est parvenu à un certain accroissement sous cette forme, il en prend une nouvelle ; il paroît sous une enveloppe qui resserrant et cachant les différentes parties de son corps, le tient dans un état si peu semblable à celui d’un animal, que ceux qui élevent des vers à soie l’appellent feve ; les Naturalistes l’appellent chrysalide, à cause de quelques taches dorées dont il est quelquefois parsemé. Il est alors dans une immobilité parfaite, dans une léthargie profonde qui tient toutes les fonctions de sa vie suspendues. Mais dès que le terme où il doit revivre est venu, il déchire la membrane qui le tenoit enveloppé ; il étend ses membres, déploie ses ailes, et fait voir un papillon, ou quelqu’autre animal semblable.

Quelques-uns de ces animaux, ceux qui sont si redoutables aux jeunes beautés qui se promenent dans les bois, et ceux qu’on voit voltiger sur le bord des ruisseaux avec de longues ailes, ont été auparavant de petits poissons ; ils ont passé la premiere partie de leur