Page:Maupertuis - Œuvres, Dresde, 1752.djvu/253

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vie dans les eaux, et ils n’en sont sortis que lorsqu’ils sont parvenus à leur derniere forme.

Toutes ces formes, que quelques Physiciens mal-habiles ont prises pour de véritables métamorphoses, ne sont cependant que des changemens de peau. Le papillon étoit tout formé, et tel qu’on le voit voler dans nos jardins, sous le déguisement de la chenille.

Peut-on comparer le petit animal qui nage dans la liqueur séminale à la chenille, ou au ver ? Le fœtus dans le ventre de la mere, enveloppé de sa double membrane, est-il une espece de chrysalide ? et en sort-il, comme l’insecte, pour paroître sous sa derniere forme ?

Depuis la chenille jusqu’au papillon, depuis le ver spermatique jusqu’à l’homme, il semble qu’il y ait quelqu’analogie. Mais le premier état du papillon n’étoit pas celui de chenille : la chenille étoit déjà sortie d’un œuf, et cet œuf n’étoit peut-être déjà lui-même qu’une espece de chrysalide. Si l’on vouloit donc pousser cette analogie en remontant, il faudroit que le petit animal spermatique fut déjà sorti d’un œuf : mais quel œuf ! de quelle petitesse devroit-il être ! Quoi qu’il en soit, ce n’est ni le grand ni le petit qui doit ici causer de l’embarras.


CHAPITRE V

Systême mixte des œufs et des animaux spermatiques.


La plupart des Anatomistes ont embrassé un autre systême, qui tient des deux systêmes précédens, et qui allie les animaux spermatiques avec les œufs. Voici comment ils expliquent la chose.

Tout le principe de vie résidant dans le petit animal, l’homme entier y étant contenu, l’œuf est encore nécessaire : c’est une masse de matiere propre à lui fournir sa nourriture et son accroissement. Dans cette foule d’animaux déposés dans le vagin, ou lancés d’abord dans la matrice, un plus heureux, ou plus à plaindre que les autres, nageant, rampant dans les fluides dont toutes ces parties sont mouillées, parvient à l’embouchure de la trompe, qui le conduit jusqu’à