Page:Maupertuis - Œuvres, Dresde, 1752.djvu/259

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la mere, paroît au jour. Les femelles des animaux mâchant elles-mêmes le cordon des vaisseaux qui attachoient le fœtus au placenta, détruisent une communication devenue inutile ; les Sages-femmes font une ligature à ce cordon, et le coupent.

Voilà quelles furent les observations de Harvey. Elles paroissent si peu compatibles avec le systême des œufs, et avec celui des animaux spermatiques, que si je les avois rapportées avant que d’exposer ces systêmes, j’aurois craint qu’elles ne prévinssent trop contr’eux, et n’empêchassent de les écouter.

Au lieu de voir croître l’animal par l’intus-susception d’une nouvelle matiere, comme il devroit arriver s’il étoit formé dans l’œuf de la femelle, ou si c’étoit le petit ver qui nage dans la semence du mâle ; ici c’est un animal qui se forme par la juxta-position de nouvelles parties. Harvey voit d’abord se former le sac qui le doit contenir : et ce sac, au lieu d’être la membrane d’un œuf qui se dilateroit, se fait sous ses yeux comme une toile dont il observe les progrès. Ce ne sont d’abord que des filets tendus d’un bout à l’autre de la matrice ; ces filets se multiplient, se serrent, et forment enfin une véritable membrane. La formation de ce sac est une merveille qui doit accoutumer aux autres.

Harvey ne parle point de la formation du sac intérieur, dont, sans doute, il n’a pas été témoin : mais il a vu l’animal qui y nage se former. Ce n’est d’abord qu’un point ; mais un point qui a la vie, et autour duquel toutes les autres parties venant s’arranger forment bientôt un animal.[1]




CHAPITRE VIII

Sentiment de Harvey sur la génération.


Toutes ces expériences, si opposées aux systêmes des œufs et des animaux spermatiques, parurent à Harvey détruire même le systême du mélange des deux semences, parce que ces liqueurs ne se trouvoient point dans la matrice. Ce grand homme désespérant de

  1. GUILLELM. HARVEY, de cervarum et damarum coïtu. Exercit. LXVI.