Page:Maupertuis - Œuvres, Dresde, 1752.djvu/294

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

especes ; voici, ce me semble, ce qu’il faudrait supposer. Si ce que je vais vous dire vous révolte, je vous prie de ne le regarder que comme un effort que j’ai fait pour vous satisfaire. Je n’espere point vous donner des explications complettes de phénomenes si difficiles : ce sera beaucoup pour moi si je conduis ceux-ci jusqu’à pouvoir être liés avec d’autres phénomenes dont ils dépendent.

Il faut donc regarder comme des faits qu’il semble que l’expérience nous force d’admettre,

1º. Que la liqueur séminale de chaque espece d’animaux contient une multitude innombrable de parties propres à former par leurs assemblages des animaux de la même espece :

2º. Que dans la liqueur séminale de chaque individu, les parties propres à former des traits semblables à ceux de cet individu sont celles qui d’ordinaire sont en plus grand nombre, et qui ont le plus d’affinité ; quoiqu’il y en ait beaucoup d’autres pour des traits différens.

3º. Quant à la matiere dont se formeront dans la semence de chaque animal des parties semblables à cet animal, ce seroit une conjecture bien hardie, mais qui ne seroit peut-être pas destituée de toute vraisemblance, que de penser que chaque partie fournit ses germes. L’expérience pourroit peut-être éclaircir ce point, si l’on essayoit pendant longtemps de mutiler quelques animaux de génération en génération : peut-être verroit-on les parties retranchées diminuer peu à peu ; peut-être les verroit-on à la fin s’anéantir.

Les suppositions précédentes paroissent nécessaires : et étant une fois admises, il semble qu’on pourroit expliquer tous les phénomenes que nous avons vus ci-dessus.

Les parties analogues à celles du pere et de la mere étant les plus nombreuses, et celles qui ont le plus d’affinité, seront celles qui s’uniront le plus ordinairement : et elles formeront d’ordinaire des animaux semblables à ceux dont ils seront sortis.

Le hasard, ou la disette des traits de famille, feront quelquefois d’autres assemblages : et l’on verra naître de parens noirs un enfant