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Page:Maupertuis de - Oeuvres - T2 - 1768, Lyon.djvu/165

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lement la diſtinction de ces deux ſubſtances, mais encore l’impoſſibilité qu’elles ayent aucunes propriétés communes.

XXII.

Tout ceci pourtant n’eſt qu’un jugement précipité, & porté ſur des choſes dont on ne conçoit point aſſez la nature. S’il étoit vrai que l’eſſence de l’ame ne fût. que la penſée, & que l’eſſence du corps ne fut que l’étendue, le raiſonnement de ces Philoſophes ſeroit juſte : car il n’y a rien qu’on voie plus clairement que la différence entre l’étendue & la penſée. Mais ſi l’une & l’autre ne ſont que des propriétés, elles peuvent appartenir toutes deux à un ſujet dont l’eſſence propre nous eſt inconnue ; tout le raiſonnement de ces Philoſophes tombe, & ne prouve pas plus l’impoſſibilité de la coexiſtence de la penſée avec l’étendue, qu’il ne prouveroit qu’il fût impoſſible que l’étendue ſe trouvât jointe à la mobilité. Car s’il eſt vrai que nous trouvions plus de répugnance