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des abénakis.

Dès que les sauvages aperçurent le vaisseau français, ils firent une grande fumée, pour signifier que les étrangers étaient les bien-venus, et qu’ils pouvaient aller à eux, s’ils avaient besoin de leurs services[1]. Aussitôt qu’ils eurent appris que les P. P. Jésuites étaient dans ce vaisseau, ils allèrent les supplier d’aller s’établir chez eux. Ils avaient déjà vu le P. Biard, lors de son voyage à la rivière Kénébec, et ils le considéraient comme un envoyé du ciel. Aussi, manifestèrent-ils la plus grande joie en le revoyant. « Il faut que tu restes avec nous, » lui dirent-ils ; « de plus, il faut que tu viennes de suite voir notre Chef Asticou »[2], « qui est bien malade. Si tu ne viens pas, il mourra sans baptême, et n’ira pas au ciel. Tu en seras la cause car pour lui, il voudrait bien être baptisé »[3]. Le Père alla visiter ce Chef, qui était à une distance d’environ neuf milles, et examina en même temps le terrain où on l’invitait à s’établir. Revenant de visiter le malade, il entendit de loin des cris et des lamentations, et fut bientôt informé, par un jeune sauvage qu’il rencontra, que ces cris étaient l’expression de la douleur des sauvages à la vue d’un enfant, qui était sur le point de mourir[4]. « Coursvite, » dit le jeune homme, « afin de baptiser

  1. Relation du P. Biard. 1611. 45.
  2. Ce mot vient de l’Algonquin et signifie « caribou. »
  3. Relation du P. Biard. 1611. 45.
  4. Les Abénakis manifestaient toujours une profonde douleur à la mort d’un enfant. Les parente étaient inconsolables. La cause de cette grande douleur était que ces sauvages croyaient qu’un enfant était malheureux dans l’autre monde, parcequ’il était trop jeune et trop faible pour s’y procurer lui-même les choses nécessaires.