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cet enfant, car dans quelques instants il sera mort[1]. Le missionnaire se rendit auprès des sauvages, qu’il trouva réunis en grand nombre. L’enfant, à demi mort, était entre les bras de son père, qui poussait des cris affreux chaque fois que son petit malade faisait entendre une plainte, et les Sauvages faisaient chorus aux cris de douleur de ce père affligé. Touché de compassion à la vue d’une scène à la fois si horrible et si déchirante, le missionnaire fit apporter l’enfant et le baptisa. Les convulsions cessèrent aussitôt, et le malade fut parfaitement guéri. Le Père profita de cette circonstance pour adresser quelques paroles aux sauvages, puis il leur ordonna de se retirer dans leurs wiguams[2].

Les P. P. Jésuites ayant trouvé cet endroit propre à leur établissement et croyant que Dieu les y appelait, cédèrent aux pressantes invitations des sauvages et y débarquèrent. Le premier ouvrage qu’ils y firent fut l’érection d’une croix. La Saussaye commença de suite son établissement, qu’il appela Saint-Sauveur.

Les Abénakis, qui avaient une grande vénération pour les P. P. Jésuites, surtout pour le P. Biard[3], parurent alors au comble de la joie. Ils venaient de toutes parts auprès des Pères et demandaient à être instruits dans la religion des Français. Chaque jour, ils se réunissaient, soir et matin, au pied de la croix

  1. Relation du P. Biard. 1611. 64.
  2. Idem. 1611, 64.
  3. Bancroft. Hist. of the U. S. Vol. I. 22.

    Le P. Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France. Vol. I 210.