Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/113

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
97
des abénakis.

pour prier[1]. Bancroft dit à cette occasion « que la France et la religion de Rome avaient envahi le sol du Maine »[2].

Le principal but de cet établissement étant la conversion des sauvages, il est facile de comprendre que tout alla bien d’abord. Les succès dépassaient même les espérances, lorsqu’un malheur inattendu vint ruiner l’établissement.

Les Anglais prétendirent qu’ils avaient des droits sur le territoire de Saint-Sauveur, et les Français soutinrent le contraire. Alors, le capitaine Argall, de la Virginie, voulant trancher la question, résolut, de lui-même, d’aller détruire l’établissement français. Il se dirigea donc dans ce but vers les Monts-Déserts, avec un vaisseau de quatorze canons ; mais, ayant été dérangé dans sa route par une forte brume, il ne put s’y rendre directement. Quelques Abénakis, ayant rencontré ce vaisseau en mer, se dirigèrent vers lui, croyant qu’il portait des Français. Argall s’informa d’eux si les Français étaient en grand nombre à Saint-Sauveur, et si leur vaisseau était bien grand. La réponse des sauvages parut lui causer beaucoup de joie. Alors, l’un d’eux consentit à le conduire chez les Français, croyant toujours qu’il était un ami des P. P. Jésuites. Cet Abénakis ne s’aperçut qu’il avait été trompé que lorsqu’Argall se prépara à attaquer Saint-Sauveur. Alors, il abandonna les Anglais, pleurant amèrement sa faute involontaire et maudissant ceux qui l’avaient ainsi trompé. Les sauvages,

  1. Relation du P. Biard. 1611. 45.
  2. Bancroft. Hist. of the. U. S. Vol. I. 22.