Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/159

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
143
des abénakis

d’ambassadeur, et ira lui-même les porter à tes Chefs.

« Le démon qui nous portait à croire aux superstitions des jongleurs a complètement perdu son crédit parmi nous. Nous comprenons la vanité et l’impuissance des jongleurs et de leurs sortilèges. Depuis que tu nous as instruits sur ce point, nous avons souvent vu des personnes, que nous pensions ensorcelées, revenir à la santé, après avoir prié celui qui est le maître de tous les démons. Maintenant tous les jongleurs avouent leur faiblesse, et reconnaissent le pouvoir de Jésus »[1].

Les jongleurs cédèrent, en effet, devant le missionnaire, et reconnurent que son autorité venait de Dieu. Quelques uns l’invitèrent dans leurs wiguams, et le reçurent avec bienveillance. Le plus célèbre d’entr’eux Aranbino[2], qui, trois ans auparavant avait levé sur lui la hache pour l’assommer, revint comme les autres à de meilleurs sentiments, et fit même profession ensuite d’être son intime ami[3].

« Quant au démon qui nous a fait aimer la polygamie, » ajoutaient les sauvages, « il est fort décrié parmi nous, car nous voyons bien les inconvénients et les désordres qui proviennent de la pluralité des femmes. Celui qui prétend être nommé Chef parmi nous ne le sera jamais, s’il ne quitte l’une de ses femmes. Et quand même quelqu’un d’entre nous

  1. Relations des Jésuites, 1652. 30. 31.
  2. De « Arag8inno, » il est de fer ; ceci s’entend aussi de celui dont le caractère est indomptable.
  3. Relation des Jésuites, 1652, 31.