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ne voudrait pas avoir de l’esprit, ceci n’empêcherait pas que les autres ne se fissent chrétiens. Prends donc courage et demeure avec nous, puisque nous voulons t’obéir. Tu es notre compatriote ; nous sommes maintenant tous d’une même nation. Tu es notre maître, nous sommes tes disciples. Tu es notre Père, nous sommes tes enfants. Ne nous abandonne pas à la furie des démons. Ne crois pas qu’ils soient bien éloignés de nous. Ils viendront nous égorger dès que tu seras parti. Délivre-toi, et nous aussi, de la peine et des dangers de tant de longs voyages pour aller te chercher en Canada. Nous sommes témoins que les principaux Anglais de ces contrées te respectent. Les Pères de l’Acadie nous ont dit qu’ils t’avaient écrit, et que tu pouvais revenir en notre pays : quand tu voudrais. Que deviendront ceux qui mourront sans baptême et sans confession en ton absence »[1].

Ces discours touchaient le missionnaire, l’attendrissaient jusqu’aux larmes, et l’attachaient tellement à ces bons néophytes qu’il n’eût jamais songé à laisser leur pays, n’eût été la voix de Dieu qui l’appelait à Québec.

5o. Enfin, il admira le désintéressement de ces sauvages dans leur empressement à embrasser le christianisme. Les sauvages du Canada pouvaient attendre des secours temporels des P. P. Jésuites et des Français, tandis que les Abénakis ne pouvaient espérer de leur missionnaire que leur instruction religieuse, parcequ’ils le voyaient vivre dans la pauvreté comme

  1. Relations des Jésuites. 1651. 31.