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histoire

Ce refus irrita les Abénakis, augmenta la haine qu’ils avaient déjà contre les Anglais, et les engagea à se lier encore plus étroitement aux Français[1].

Le missionnaire retourna à Kénébec, où il passa le reste de l’hiver avec ses sauvages. À l’approche du printemps, il leur annonça son prochain départ pour Québec. Comme cette nouvelle les plongea dans la plus grande douleur, il leur dit, pour les consoler, qu’il était obligé d’aller rendre compte de sa mission, mais qu’il reviendrait au milieu d’eux[2].

Après avoir employé plusieurs jours à consoler et à instruire ces bons sauvages, à visiter et à baptiser les malades et les infirmes, il partit pour Québec, au commencement du mois de Mars, accompagné de quelques sauvages.

Ce voyage fut rempli de misères. La grande quantité de neige et d’autres difficultés rendirent la marche fort lente. Par suite de ce retardement, le voyage fut si long que les vivres manquèrent complètement. Quelques sauvages perdirent la vie dans les neiges. Le Père et son compagnon français pensèrent mourir de faim et de froid. Ils passèrent dix jours entiers sans prendre de nourriture. Enfin, ils s’avisèrent de faire bouillir leurs souliers et leurs camisoles, qui étaient de peaux de caribou. Lorsque la neige fut presqu’entièrement fondue, ils firent aussi bouillir les cordes et les tresses de leurs raquettes. Ces mets leur paraissaient de bon goût[3].

  1. Idem, 397.
  2. Relations des Jésuites, 1652. 26.
  3. Relations des Jésuites, 1652. 26.