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des abénakis

Ces qualités et la grande affection qu’il avait pour les Abénakis le rendirent l’idole de ses hôtes sauvages.

Sa réputation se répandit rapidement dans l’Acadie et dans la province de Sagadahock, et son influence auprès des sauvages devint considérable. À l’appel de ce Chef vénéré, les sauvages prenaient les armes et venaient, de toutes parts, se réunir au fort de Pentagoët, pour aller courir sus aux Anglais[1].

Saint-Castin recula les Anglais pendant tout le temps qu’il demeura parmi les Abénakis : il paralysa, pour ainsi dire, pendant trente ans la colonisation anglaise au Maine, et empêcha les empiètements sur les terrains des sauvages. Aussi, chaque page des chroniques puritaines de cette époque est remplie d’imprécations contre ce terrible ennemi[2].

Saint-Castin demeura à Pentagoët jusqu’en 1708, où il repassa en France, pour y recueillir un héritage qui lui était échu à Béarn, laissant son fort et ses entreprises à son fils aîné, qu’il avait eu de sa femme sauvage. Il ne revint plus à Pentagoët, et mourut à Béarn en 1722.

Le jeune Saint-Castin se montra le digne successeur de son père, du moins quant à sa bonne volonté, et lutta courageusement contre les Anglais. Cantonné, tantôt sur la rivière Pentagoët, tantôt sur celle de Kénébec, il rassemblait les Abénakis, poussait des pointes dans les établissements anglais et y causait de graves dommages. Mais il manquait de l’habile-

  1. Garneau. Hist. du Canada, Vol. I&#8203 ;I. 47.
  2. Young, Les Chroniques des Pères Pélerins. Purchase’s Pilgrims.