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Page:Maurel - L Orniere.djvu/221

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main féminine : « Si c’était une pauvre fille ça ne se serait pas passé comme ça. » Jamais Fortembosc ni aucun homme n’auraient trouvé cela.

D’ailleurs, ses paroles à Cornélie la montraient bien mêlée à la cabale et haineuse au point de tout expliquer…

Elle commençait à distinguer un ensemble. Fortembosc avait dit certaines choses à la lourde servante-maîtresse, la promenade avec Héricher par exemple ; le dépit qu’il laissait éclater avait fait le reste comment une jalouse n’aurait-elle pas deviné le passage de l’ornière, les conséquences, le refus, les supplications ? Elle devait être à toutes les portes, derrière tous les arbres, à épier, à espionner, à nourrir sa jalousie du pain amer des soupçons et des possibilités. Enfin, las tous deux de ne pas voir le drame se nouer, ils avaient inventé l’horrible chose, tout simplement un infanticide, avec l’espérance affreuse d’acculer l’ennemie au désespoir.

Et, comme il arrive toujours, ils avaient pu s’appuyer sur des faits vrais pour corroborer leurs calomnies : la promenade en voiture avec le boucher, dont on faisait un rendez-vous galant, et le mauvais état de santé de Reine en octobre où on plaçait la naissance et le crime.

Pourtant, Isaac ne voulait, lui, que la déprécier pour ménager sa chance à lui, la chance du sauveur qui fait le magnanime en ramassant une femme soupçonnée.

Et, quand elle eut ainsi fait son procès avec, pour la première fois, l’assurance de ne plus rien ignorer, qu’elle se fut, devant le tribunal de sa conscience, accusée, jugée, condamnée et absoute, elle sentit qu’elle ne craindrait plus jamais rien,