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Page:Maurel - L Orniere.djvu/222

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et que, quoi qu’il arrivât maintenant, elle serait la plus forte.

Et ce fut cette nuit-là qu’en haine de ce qu’elle savait de l’homme, elle fit vœu de solitude. Elle vivrait avec sa mère et pour sa mère. Elle l’aimait tant qu’elle prolongerait sa vie à l’extrême limite.

Elle travaillerait, — quelle force elle sentait en elle maintenant ! — elle rétablirait leur fortune. Ce premier semestre de loyer, ces premiers cinq mille francs, ce sale argent de Fortembosc était le tremplin qui lui servirait pour s’élancer. Elle reprendrait Réaumont, la chère demeure prostituée. Elle la purifierait avant d’y faire rentrer sa mère.

Quant à celui qui avait machiné leur ruine, elle poursuivrait sa piste chaude comme celle d’une bête puante, elle le débusquerait du gîte où il n’avait pas droit et le rejetterait dans sa bauge.

Et, ce soir-là, pour la première fois, le soir de cette affreuse journée, ayant exorcisé le sentiment de fatalité qui, depuis tant de mois, la vouait au malheur et à l’impuissance, elle s’endormit de son sommeil retrouvé d’enfant.