Page:Maurière - Une bonne fortune, paru dans Le Matin, 04 octobre 1922.djvu/5

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au cou, quelques rides au front indiquaient une trentaine un peu fatiguée. Elle souriait aisément, gentiment, d’un air confiant et quasi triste.

Depuis deux mois, René l’a quittée. Pourquoi ? Une bêtise, une querelle sans raison sérieuse, ou plutôt sourdement motivée par la lâcheté et l’égoïsme des hommes devant les rides de la femme et parce qu’il l’avait assez vue. Car le ménage avait duré plusieurs années. Mais elle ne possédait plus la fraîcheur des vingt ans. René avait des moustaches fines et une cervelle d’insecte : il était parti avec la fille de la crémière. Alors, elle était seule, sans appui, sans travail suivi, vivotant, grattant sur les repas, sur sa toilette, sur la vie. Un homme c’est la sécurité, la respectabilité. Au bras d’un