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les élèves d’ingres

chairs et la forme du corps, M. Signol s’est fait une sorte d’originalité… Ceux qui aiment l’originalité ne se plaindront pas. L’esprit de M. Signol n’est pas troublé par le souvenir de l’Italie et garde son indépendance. Les enfants (du Massacre des Innocents) sont dessinés avec une hardiesse qui va jusqu’à la singularité. Je conseille à l’auteur de modérer son pinceau. »

Il a en effet, depuis, su modérer son pinceau. Il venait alors de terminer la chapelle de Saint-Séverin (Mariage de saint Joseph et Fuite en Égypte) qui reste son meilleur ouvrage. Rappelons aussi son tableau de la Femme adultère dont les draperies lourdes et les tons opaques ne manquent pas d’une certaine grandeur. Le passage de G. Planche indique assez d’ailleurs, sans qu’il soit utile d’y revenir, le rôle initiateur, les innovations de l’école d’Ingres, à cette époque. Les ouvrages ultérieurs de Signol (Saint-Sulpice, Saint-Eustache, Saint-Louis d’Antin) se passent de tout commentaire. Il imite désormais Flandrin, sans l’égaler jamais. C’est la décadence ; et nous sommes loin de l’enseignement vivant et vivifiant de M. Ingres.

V. ORSEL — PÉRIN — E. ROGER


n’ont pas appartenu à l’atelier d’Ingres. Mais il est manifeste qu’ils ont subi l’influence du Maître, dans la période où précisément cette influence était excellente.

Au point de vue de l’art religieux, d’ailleurs, les décorations qu’ils ont exécutées à l’église Notre Dame de Lorette sont d’une importance capitale. On a pu dire que « tandis que M. Ingres rapportait d’Italie le style de la Renaissance et l’Étrusque, Orsel en rapportait le style religieux et monumental » (Cartier, Vie de l’Angelico). En réalité, je le répète, c’est de l’Apothëose d’Homère que date toute peinture monumentale en France. Victor Orsel, élève de ce Revoil, peintre lyonnais, qui collectionnait des primitifs italiens, puis de Guérin, passa à Rome les années 1822-1829 : il y rencontra Overbeck et son école. Une tendre piété l’inclina dès lors à représenter des sujets mystiques : tous ses tableaux sont religieux ; même son tableau de Bethsabée est d’intention