Page:Maurice Denis Théories (1890-1910)-1920.djvu/23

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des minuties, avide de complexités. Croyez-vous que Bott ! celli ait voulu dans son Printemps ce que nous tous y avons vu, de délicatesse maladive, de préciosité sentimentale ? Alors, travaillez avec cette malice, cette arrière-pensée, vous arriverez il quelles formules !

Dans toutes les décadences, les arts plastiques s’effeuillent en affectations littéraires, et en négations naturalistes.

XIX

C’est trop demander que demander le calme à nos esprits. Les gens de la Renaissance laissaient jaillir leurs œuvres, infiniment profondes et esthétiques, de l’abondance de leur nature. Un Michel-Ange ne se soufflait pas comme un Bernin ou un Annibal Carrache, pour faire grand. Ses sensations, passant par l’intelligence très sûre qu’il avait de l’Art, devenaient cela toutes seules. C’est l’effort qui a perdu les Romantiques.

XX

De l’état d’âme de l’artiste, vient inconsciemment, ou presque, tout le Sentiment de l’œuvre d’art : « Celui qui veut peindre les choses du Christ doit vivre avec le Christ », disait Fra Angelico. C’est un truisme.

Analysons : l’Hémicycle de Chavannes à la Sorbonne, qui nécessite pour le vulgaire une explication écrite, est-il littéraire ? Certes, non : car cette explication est fausse : les examinateurs de Baccalauréat peuvent savoir que telle belle forme d’éphèbe qui s’alanguit vers un semblant d’eau, symbolise la jeunesse studieuse. C’est une belle forme, esthètes ! n’est-ce pas ? Et la profondeur de notre émotion vient de la suffisance de ces lignes et de ces couleurs à s’expliquer elles-mêmes, comme seulement belles et divines de beauté.

Dans les Ménages sans enfants : la légende seule m’intéresse (on vous donnera 25 fr. 50 pour commencer) : car le ridicule d’un rendu minutieux de sales têtes et de grotesques ameublements me repousse, et du même malaise, je vous