Page:Maurice Goudard - La défense du libéralisme.pdf/194

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œuvre. Elle a été déformée lentement, mais sûrement. Déjà, avant 1940, l’extrême simplicité voulue par ses créateurs n’existait plus. La répression de la fraude en matière d’impôt sur le revenu impliquait une intrusion de plus en plus grande du fisc dans le fonctionnement des Sociétés Anonymes. Mais le leit-motiv classique était la protection de l’épargne. Le législateur paternel voulait mettre le pauvre actionnaire à l’abri des malversations des méchants administrateurs. Cette sollicitude me semble touchante, mais elle aurait gagné à protéger l’épargne contre l’État lui-même qui, en 1914, empruntant 100 francs au public, et lui promettant de lui servir annuellement, comme intérêt, la valeur d’un poulet, lui remettait royalement la valeur d’un œuf… de poule en 1939, de fourmi en 1942. Après cela, on peut parler de la défense de l’épargne ! Je ne vois pas, du reste, en quoi, en brimant les Sociétés Anonymes, on évitera les escrocs, genre Stavisky, qui existeront toujours. Ce qui est certain, c’est qu’en 1940, un coup fatal a été porté aux Sociétés par l’interdiction d’occuper plus de huit postes d’administrateur, dont deux présidences. Et encore, au delà de 70 ans, les huit postes sont réduits à deux. Cette brimade n’est pas très heureuse, surtout à l’époque où la France est menée par un illustre vieillard de 85 ans ! Pourquoi, d’autre part, interdire de présider plus de deux Sociétés au capital de Frs. 100.000 alors qu’on autorise un même homme à présider deux Sociétés de 500 millions chacune ? Cette loi, qui peut avoir sa raison d’être pour des Sociétés géantes, est