Page:Maurice Goudard - La défense du libéralisme.pdf/233

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saires fort distingués, les uns de bonne foi, car ils étaient attirés par le mirage de la nouveauté, les autres mûs par l’intérêt, car ils savaient bien que toute Entente demande une direction, et ils étaient prêts à se dévouer pour assurer cet emploi. Parmi ces derniers se trouvaient les Directeurs de Chambres Syndicales, qui savaient par expérience combien les membres sont indépendants, indisciplinés, et bien souvent indifférents. C’est alors qu’ils introduisirent la notion de l’Entente Industrielle Obligatoire. Il s’agissait de faire entrer de gré ou de force tous les membres d’une même profession sous la férule d’un dictateur, avec obligation, pour tous les assujettis, d’obéir aux ordres de la majorité. Les Trusts, qu’on avait jusqu’alors pourchassés, étaient subitement imposés. L’article 419 était, non seulement aboli, mais il était entièrement retourné, et il aurait pu s’écrire 914. La concurrence était jugulée, les positions étaient stabilisées, l’avenir était assuré. C’était l’âge d’or.

Habilement présentés, ces arguments séduisaient nombre de patrons, en particulier ceux qui s’appuyaient sur un gros chiffre d’affaires, qui leur aurait donné une position privilégiée sans avoir à continuer la lutte. Par une coïncidence curieuse, ils se rencontraient avec ceux qui faisaient de mauvaises affaires et qui voyaient, dans les Ententes obligatoires, le seul moyen de ne pas être éliminés comme il se doit, en Économie libérale, pour les incapables ou les paresseux.

Ainsi tout le monde était content, et le petit nombre