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manifestations verbales, soi-disant énergiques, mais qui souvent ne sont que grossières. Comme, en plus, il doit être juste, humain, généreux, comme il doit inspirer la confiance et le respect, on se rend compte de toutes les qualités morales que l’on réclame d’un vrai Chef.

Mais ce n’est pas encore tout. Le grand Chef doit être stoïque, dur comme un roc devant la marée des échecs techniques et commerciaux, des procès, des pertes d’argent et de clientèle. D’autant plus qu’il doit être tenu au courant de ce qui va mal, de préférence à ce qui va bien. Ce qui l’amène à éviter les flatteurs et à leur préférer ceux qui ont le courage de critiquer.

Et comme l’amour-propre et l’enthousiasme doivent être ses moteurs, il sera plus intéressé par le succès de son entreprise que par l’argent gagné, qui lui apportera souvent beaucoup plus de soucis que de joies.

Si j’ai évoqué tant de qualités nécessaires — et j’en oublie — c’est que j’ai passé ma vie à les rechercher sans y parvenir. Peut-être aurais-je mieux réussi à les acquérir si je les avais mieux connues. C’est dans l’ambition de faciliter la tâche des jeunes que j’ai essayé d’en dresser la nomenclature incomplète. Je dois ajouter qu’elle ne vaut que pour les Chefs d’entreprises et non pour les Chefs militaires ou politiques qui doivent, probablement, posséder des qualités complètement différentes, car on a rarement vu un brillant homme d’affaires devenir un habile stratège ou un puissant politique.