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des visites occasionnelles et peu fréquentes. Elle nous décida à prendre le risque, et nous acquîmes le terrain. Pendant un an nous dressâmes nous-mêmes les plans, qui furent étudiés jusqu’aux détails les plus infimes. Grâce à quoi le premier coup de pioche étant donné le 2 janvier 1914, nous nous installions le 1er mai suivant à Neuilly. Enfin, nous avions un outil de premier ordre, où tout était prévu pour l’organisation du travail. Fiers de notre ascension, nous allions : pouvoir lutter à armes égales contre la concurrence qui s’avérait acharnée. Hélas ! trois mois après, c’était la guerre qui éclata comme un coup de foudre.

Mennesson, 31 ans, mon frère Félix, 26 ans, partaient le jour même aux Armées, le premier dans le Service automobile et le second dans l’Artillerie. Quant à moi, ma maladie m’ayant mis en disponibilité, je restais pour compte à l’usine. Mais je ne l’entendais pas ainsi, et il me semblait inconcevable que je pusse rester à l’arrière pendant que les autres se battaient. Mais quel travail pour me faire réintégrer ! Il fallut un mois pour que l’on m’envoyât dans le Service automobile, avec le grade de sous-lieutenant. Je confiai l’usine à notre secrétaire-chef, Mme Jehanno, et, abandonnant Solex en plein essor, je me transformai pour quatre ans et demi en militaire.

Je n’aurai pas la fatuité de raconter mes campagnes qui n’offrent que peu d’intérêt. Il me suffit de dire que ma famille devait faire ample moisson de gloire avec mon frère aîné, Jacques, qui, parti comme volontaire à 35 ans,