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Page:Maurice Goudard - La défense du libéralisme.pdf/70

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nos camarades de l’Infanterie, nous sommes tous des embusqués, moi le premier. Nous n’avons qu’un moyen de le faire oublier, c’est de nous dévouer à notre tâche ».

D’ailleurs, ce n’était pas le dévouement qui manquait. À part ces peccadilles, qui relevaient plus du « système D » que du mauvais vouloir, les éléments fixes du Parc fournissaient un travail gigantesque. Mes officiers — une quinzaine — donnaient l’exemple d’une admirable émulation. Les cadres rivalisaient de zèle par amour-propre de leur métier, car ils se retrouvaient dans leur ambiance civile. Les ouvriers, payés Fr. 0,25 par jour, travaillaient de tout leur cœur. Comme stimulant, je n’avais pas grand’chose à leur offrir. Quelques permissions de-ci, de-là. en dehors des règlements, la tolérance d’habiter en ville pour les hommes mariés et, pour l’après-guerre, des certificats de bons travailleurs. Il ne restait qu’un moyen, et un bon. Je décidai d’améliorer l’ordinaire, car, dans toutes les guerres, se pose la question alimentaire. Mon plan était basé sur la culture intensive de la pomme de terre. Dans un rayon de 5 kilomètres autour de Nancy, je m’assurai plus de 200 hectares de terres incultes, mais excellentes. J’avais heureusement comme voisin un dépôt de 800 chevaux malades qui pouvait fournir l’engrais et les attelages. Après une bataille épique avec le colonel commandant le dépôt, j’obtins du G. Q. un ordre de mettre à ma disposition 100 chevaux, pour lesquels un labour léger constituait un excellent travail de convalescent. D’autre part, j’avais toujours, haut-le-pied, 300 culti-