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tune d’être sous les ordres directs du Ministre, M. Victor Boret, dont je ne sais s’il fallait admirer plus l’intelligence ou le caractère, car je mis à une rude épreuve son courage parlementaire. La tâche était lourde. Je commençai par rassembler mes tracteurs en batteries de dix appareils, fortement encadrés, et je les transportai dans la région du front où existaient de grands espaces abandonnés. Ce fut une tempête de réclamations des députés de l’arrière, qui s’étonnaient que l’on ait désigné un automobiliste pour labourer, au lieu d’un ingénieur agronome. Je fis observer que dans « Motoculture » il y a bien « culture », mais, qu’en tête, il y a « Moto », et que j’étais dès lors parfaitement à ma place. Mais il fallait justifier cette prétention. Techniquement, le Service était handicapé. Les quinze cents tracteurs étaient de vingt marques différentes, toutes américaines. Pas de pièces de rechange. Je montai un atelier central de réparations, et, en deux mois, avec cinq cents ouvriers, tous mes tracteurs étaient sur pied. Mais l’organisation des labours était un problème délicat. Même rassemblées sur 100 kilomètres, mes 150 batteries étaient difficiles à alimenter et à surveiller. Je pris un moyen brutal. À la fin de chaque mois, toutes les batteries étaient classées par nombre d’hectares labourés et par consommation d’essence à l’hectare. Les dix dernières batteries dans chaque classement voyaient tout leur personnel, régisseur en tête, impitoyablement renvoyé aux Armées. Au contraire, les dix premières se partageaient des primes en argent très importantes. C’était irrégu-