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Jamais on n’avait vu des militaires se faire entrepreneurs de spectacles payants et fouler aux pieds les règlements de la sacro-sainte Administration. Mais le Grand Quartier Général suivait l’expérience avec un intérêt bienveillant et, au bout d’un an, en 1917, il décida d’absorber notre organisation et de l’étendre à tout le front. Ainsi naquit le Cinéma aux Armées, qui contribua grandement à soutenir le moral des troupes.

Mais à Nancy, la vie devenait monotone, tout était organisé et, grâce à l’immobilité du front, le Service automobile marchait comme une montre. Je commençais à m’ennuyer, quand le Grand Quartier me désigna pour aller prendre le commandement du Service de la Moto-culture. Ce service avait été créé au Ministère de l’Agriculture pour venir en aide aux exploitations agricoles, qui manquaient de chevaux et de main-d’œuvre. C’était une entreprise purement étatiste, précurseur des Sovkoses. Quinze cents tracteurs agricoles, avec leur personnel, étaient mis à la disposition des cultivateurs, au gré des recommandations parlementaires. Au bout de six mois, ce fut une jolie pagaïe. Qu’on se représente quinze cents tracteurs et cinq mille hommes disséminés dans toute la France et commandés depuis la rue de Varenne. Rapidement, les tracteurs tombèrent en panne, l’essence filait dans les voitures, le rendement était à la hauteur d’une entreprise de l’État.

Je fus appelé en 1917 pour réorganiser le Service. Je m’y intéressai prodigieusement. J’eus la bonne for-