Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/152

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1er décembre dernier, en son domicile, à Caen, et je suis chargé de vous remettre une somme de vingt-cinq mille francs dont il a disposé à titre de legs particulier, en votre faveur, par son testament olographe en date du 1er mai 1868.

» Cette somme est à votre disposition dans mon étude, où vous pourrez la toucher, quand il vous plaira, en tout ou en partie, contre une décharge en bonne forme.

Ricochon. »

— Comprends-tu, maintenant, l’effet que cela peut produire le lendemain du terme sur un homme qui n’a pas de quoi le payer, et qui ne possède pas en ce moment trente-cinq sous pour dîner dans un bouillon Duval !

— Et tu ne m’en disais rien, Georges, mon cher Georges ? dit le beau vicomte en serrant la main du jeune avocat avec un effusion trop vive pour ne pas paraître trop affectée, comme si tout ce que je possède n’était pas à toi comme à moi.

— Merci, mon ami, grâce à Dieu, si cet argent n’est pas une mystification, je pourrai t’en dire autant.

— Le meilleur moyen de savoir si ce n’est pas un poisson d’avril, ce serait d’en tâter tout de suite. Ce Ricochon de notaire, qui écrit de si jolies lettres, demeure tout près d’ici, fit-il en regardant l’en-tête de la lettre, 6, rue de la Monnaie.

— Ton idée me paraît lumineuse. Veuillez bien me faire préparer une quittance de cinq mille francs que vous m’apporterez à signer, en me remettant la somme, dit-il au clerc de notaire qui attendait la réponse dans l’antichambre.

Et quand les deux jeunes gens furent seuls, Georges Raymond se livra à des gambades qu’Hector seconda