Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/215

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descendre l’escalier. L’assassin peut la cacher dans la poche de son paletot et doit être déguisé en laquais.

En ce moment même mes agents observent tous les laquais qui sont dans le vestibule. Il parait que l’assassin est envoyé ici par Mazzini, d’accord avec les principaux chefs de l’Internationale et quelques gredins des faubourgs.

Voilà où l’Empereur nous mène, avec toutes ses bontés, au lieu de faire une nouvelle marmelade de décembre avec tout ce monde-là. Je ne peux pas vous en dire davantage ; il faut que j’aille observer les alentours de l’Opéra, de concert avec le chef de la police de sûreté.

En ce moment, un individu portant un gros paletot et fumant sa pipe, comme un marchand du voisinage, se tenait dans la rue Chauchat, au coin de l’Hôtel des Ventes, endroit qui de tout temps n’a presque jamais été éclairé. Un second individu vint l’aborder, et ils se mirent à parler en patois provençal.

— Qu’est-ce que fait notre homme ? dit le premier au second.

— Il a pris la place d’un de ses amis, garçon limonadier au café du théâtre, afin de pouvoir observer la position à son aise.

— C’est un crâne que nous a envoyé là le père Capucin[1], dit le premier individu qui paraissait exercer sur le deuxième une certaine autorité, et quand le moment sera venu…

— Volard dit que cela ne réussira pas avec la boulette[2], dit le deuxième individu qui n’était autre que

  1. Sobriquet de Mazzini.
  2. La bombe.