Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/225

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Au même moment, une conjonction rapide de trois personnages avait lieu dans le foyer, c’étaient M. Bonafous, Ferminet, et du Clocher, qui regardait avec inquiétude derrière lui, sans doute pour ne pas être aperçu du marquis de Saporta.

— Ce que vous venez de dire confirme tous mes renseignements, dit Ferminet à du Clocher.

— Eh bien ! Ferminet, marchez ! sus au comte et à d’Havrecourt ! dit Bonafous, l’œil tout brillant du feu sacré ; quant à moi, je suis sur des charbons ardents tant que l’Empereur ne sera pas sorti.

— Qu’y a-t-il donc ? dit du Clocher étonné.

— Un attentat possible ici… dit Bonafous à voix basse.

— Bah !… répondit du Clocher ahuri, et moi qui ne savais pas !…

Un quart d’heure après, le préfet de police et le ministre de l’intérieur, qui s’étaient donné rendez-vous dans le foyer pour le commencement du quatrième acte, s’y rejoignaient en toute hâte.

— Cela ne va pas mieux, dit le préfet de police ; Bosquetti n’a pas encore pu retrouver l’assassin ; il paraît qu’il est déguisé en garçon limonadier et qu’il porte un panier d’oranges au milieu duquel se trouve la bombe ; tous les garçons limonadiers du café de l’Opéra doivent être arrêtés en ce moment par les soins de Bonafous et du chef de la sûreté.

— Allons ! c’est absurde et je commence à n’y pas croire, dit le ministre ; en tout cas, j’ai fait avertir l’Empereur.

— Et qu’a répondu Sa Majesté ?

— Sa Majesté a répondu comme s’il s’agissait de la chose la plus simple du monde, qu’elle ne change-