Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/226

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rait rien à son itinéraire ni à son heure de départ.

— Pardon, pardon, cela ne peut pas se passer comme cela ; il faut que l’Empereur le change son itinéraire.

— Qu’est-ce que vous voulez que je fasse ? Je ne peux pas forcer l’Empereur à sortir par l’entrée des artistes.

L’arrivée du chef du cabinet du préfet, revenant à eux avec une figure très singulière, suspendit le colloque.

— Cela se termine comme une charge du Palais-Royal, dit Paul Beaulieu. Bosquetti prétend qu’au moment de prendre ses dernières dispositions l’assassin s’aperçut qu’il avait oublié les capsules de fulminate qu’il devait mettre à la bombe. Il a couru les chercher et Bosquetti a couru après lui pour l’arrêter.

— Et moi je cours après mes cinq mille francs, dit le préfet de police.

— Vous vous êtes fait piper, dit le ministre, je m’en doutais.

— C’est cet imbécile de Bonafous… Eh ! morbleu, je ne m’en dédis pas, reprit le préfet de police en voyant reparaître Bonafous, suivi de Ferminet dont les paupières étaient plus fermées que jamais. Vous nous faites jouer ici une scène ridicule, grâce à la niaiserie de vos informations.

— C’est ce scélérat de Bosquetti ! s’écria M. Bonafous qui roulait des yeux furibonds et dont l’amour-propre était cruellement humilié devant son chef de bureau. Venez, monsieur, dit-il à ce dernier, vous avez été déplorable dans cette affaire.

Pendant que cette scène de haute comédie se passait au foyer, Georges Raymond était resté sur son strapontin, et ne quittait pas des yeux la loge de Mlle  de Ner-