Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/243

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

secrétaire, des paroles qui lui avaient fait deviner une partie de la vérité.

Du Clocher, qui faisait de la police pour le ministère de l’intérieur, tout en en faisant à ses heures pour le compte des diplomates étrangers, ayant raconté, séance tenante, à M. Bonafous ce qu’il avait entendu, il avait été possible à ce dernier d’improviser immédiatement l’expédition qui s’était terminée par l’arrestation momentanée du vicomte.

Le commissaire de police au bureau duquel d’Havrecourt avait été conduit, prétextant un signalement donné et des ordres reçus relativement à un voyageur qui devait porter sur lui la preuve d’un délit flagrant contre la sûreté de l’État, requit Hector de laisser visiter sa valise et son portefeuille.

Le vicomte, sans se donner la peine de discuter, tendit les deux objets qu’on lui demandait. On n’y trouva rien. Le dépouillement avait été opéré par le commissaire de police de concert avec Ferminet qui avait dirigé toute l’expédition.

— C’est comme si nous n’avions rien fait, dit le commissaire de police après avoir échangé un regard avec ce dernier ; car ce que nous ne trouvons ni dans votre valise ni dans votre portefeuille peut se trouver sur vous-même.

— D’où vous concluez ?…

— Je prends la liberté de vous offrir pour un instant ma chambre en guise de cabinet de toilette, pour vous déshabiller, cela nous permettra de vous rendre de suite à la liberté et de vous épargner tous autres désagréments.

— Et ces désagréments seraient ?… dit Hector dont le sang-froid ne se démentait pas un instant.