Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/247

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— Comment sais-tu cela ? dit Hector en interrompant son déjeuner et en fixant des regards perçants sur Georges Raymond.

— Je te le dirai si tu veux, continua Georges ; mais ce n’est pas là l’important. Le mariage, tel que tu le conçois, est impossible.

— Tu dis ? fit Hector conservant tout son calme, mais en regardant Georges avec une attention concentrée si expressive que Georges Raymond se sentit troublé.

— Si Doubledent ne t’a rien caché, tu dois savoir que toute la fortune de Mlle de Nerval appartient à Karl Elmerich ; que Karl Elmerich est mon ami, mon client ; et que j’ai mis à la porte de chez moi ce même Doubledent, qui venait me proposer un marché dans le genre de celui que tu m’as raconté ; mais je n’étais pas certain alors que ce fût le même homme.

Hector d’Havrecourt ne répondait ni oui ni non, il écoutait. Il entendait prononcer pour la première fois le nom de l’héritier légitime dont Mlle de Nerval détenait la succession. Doubledent ne le lui avait pas dit, et il lui avait également laissé ignorer la démarche qu’il avait faite auprès du jeune avocat. Georges raconta en quelques mots à Hector toutes ces circonstances.

— Eh bien ! après ? dit Hector qui l’avait écouté tranquillement en reprenant la suite de son déjeuner.

— Tu veux la conclusion, la voici. Tu ne me dis pas quelles sont tes négociations matrimoniales avec Doubledent, mais je les devine. Ce mariage est le prix d’un pacte que je ne veux pas apprécier.

— Tu as raison, car cela ne te regarde pas.

— Mais ce qui me regarde tout au moins, ce sont