Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/263

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trer que vous êtes maître non-seulement de sa personne mais de ses biens. Quand il s’agira d’exhiber vos titres, serez-vous par hasard embarrassé pour inventer un roman qui fera de vous un héros, un bienfaiteur, un Grandisson qui a sauvé la fortune de sa femme avant de l’épouser, et qui la met maintenant à ses pieds ?

— Et comment pouvez-vous croire que, d’emblée, on accordera la main de Mlle  de Nerval à un prétendant sans le sou ?

— Vous avez douze cent mille francs de fortune.

— Quelle est cette plaisanterie ?

— Je vous dis que le prétendant de Mlle  de Nerval a douze cent mille francs de fortune, et pourra le déclarer hautement.

Le jour du contrat on vous prêtera pour la montre, ad pompam et ostentationem des titres au porteur, valeurs industrielles, canaux, chemins de fer, s’élevant au total à plus de six cent mille francs.

Ce seront des contremarques que vous rendrez à la porte, bien entendu.

Item encore, vous exhiberez l’expédition d’un contrat qui vous constitue propriétaire d’une forêt de six cent mille francs dans le Languedoc, forêt achetée par vous et payée comptant, nette de toutes charges, privilèges et hypothèques.

Je n’ai pas besoin de vous dire que vous ne serez que le prête-nom d’un acheteur sérieux, qui, pour des raisons particulières, dont il est inutile de vous entretenir maintenant, acceptera cette combinaison moyennant une contre-lettre en forme, et divers arrangements dont le détail me regarde.

Si avec douze cent mille francs de fortune, et se-