Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/264

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condé par le dieu des amours, vous n’épousez pas Mlle de Nerval dans quinze jours, allez-vous-en au diable, vous n’êtes bon à rien.

— Écoutez bien ce que je vais vous dire, répondit d’Havrecourt, qui pendant cette explication n’avait pas quitté des yeux Doubledent, dont la figure était tantôt joviale et tantôt sinistre.

Je n’ai pas la possibilité de discuter les moyens dont vous parlez, je vous suivrai jusqu’au bout.

Mais si vous me faites tomber dans un piége, si je ne trouve que la ruine de mes espérances et le déshonneur au bout du chemin que vous m’avez tracé, en cas de catastrophe finale, vous mourrez une heure avant moi.

Les lèvres hideuses de Doubledent se couvrirent de sarcasmes, une expression cynique envahit son visage et il fit entendre le rire strident qui lui revenait quand sa bile était agitée.

— Vous savez bien le cas que je fais des menaces ; un mot de plus et je vous laisse aller au fond de l’eau avec vos scrupules et vos transes qui me fatiguent. Entre Karl Elmerich et Georges Raymond, je n’ai que l’embarras du choix pour faire un époux…

— C’est bien ! dit Hector en se levant, avant la fin de la semaine je me charge de faire consentir Georges Raymond à la cession des droits de Karl Elmerich. Sinon…, ajouta Hector en complétant sa pensée par un geste sinistre.

— Compris ! fit laconiquement Doubledent. Et où en êtes-vous avec la demoiselle ?

— Ceci, monsieur Tripledent, ne vous regarde pas ; qu’il vous suffise de savoir que Mme de Saint-Morris, qui a des bontés pour moi et qui m’aime comme un