Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/274

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en voyant ici une jeune fille faite à votre image. En un mot, j’aime Mlle  de Nerval, elle est tout pour moi ici-bas, et je ne dois pas conserver l’espérance de pouvoir obtenir sa main.

— Eh ! quel feu, monsieur, par un froid pareil ! Comment pourrez-vous conspirer pour notre cause, braver le fer et le poison des Bonaparte, si l’amour prend tant d’empire sur votre âme ?

— Raillez-moi, madame, vous avez raison ; mais du moins donnez-moi un conseil, je vous le demande à genoux, pour le suivre aveuglément ; dois-je renoncer à ce mariage ?

— Demandez à qui peut vous répondre.

— À qui ? À Mlle  de Nerval ?

— Je ne vous parle pas de Mlle  de Nerval.

— Mais, à M. de Marcus, alors ? Eh bien oui, je vous remercie, je le ferai, dit Hector avec de feintes vivacités, lorsque par son adresse il avait amené en quelques instants Mme  de Dammartin juste au point où il voulait en venir.

Dans la haute compagnie, on ne souligne point les intentions, on se borne à les indiquer. Mme  de Dammartin se contenta de ne point démentir la pensée que le vicomte lui attribuait, et elle ajouta :

— Je vous préviens qu’il y aura des objections.

Et maintenant offrez-moi votre bras, vicomte, je commence à me refroidir et je veux rentrer.

Au même moment, le comte de Marcus revenait avec sa nièce.

Les femmes s’entendent avec les yeux.

Un simple regard de Mme  de Dammartin fit deviner à Mlle  de Nerval qu’il était arrivé quelque chose, et l’expression de ses yeux signifiait : Que se passe-t-il ? Par