sant apercevoir dans tout son éclat la merveilleuse beauté de ses traits.
Si Georges fût venu à l’heure indiquée l’avant-veille, il n’eût point trouvé la comtesse qui avait fait consigner sa porte. Mais les femmes ne pardonnent pas aisément que l’on manque à un rendez-vous auquel elles ne se trouvent pas.
— Quoi ! comtesse, vous ici, chez moi, quel bonheur ! s’écria Georges pendant que la veuve Michel éblouie de cette apparition, retournait stupéfaite au fond de sa cuisine.
— Oui, mon cher, moi-même, je viens vous dire en personne que vous êtes un impertinent.
— Et moi, je suis presque heureux de vous avoir manqué de parole, puisqu’en venant jusqu’ici, vous me prouvez que vous m’aimez un peu, dit en l’enlaçant de ses bras, Georges Raymond qui, à la vue d’Isabeau, sentait se réveiller toute sa passion.
— Pas de gestes, monsieur, je vous prie. Qu’avez-vous fait l’autre jour ? vous étiez sans doute avec quelque autre femme.
— Ah ! chère Isabelle, dit Georges Raymond en souriant de cette supposition invariable que font toujours les femmes en pareil cas. Remerciez-moi de ne pas être venu vous voir ce jour-là ni les jours suivants ; si vous saviez quelle vie de damné j’ai menée depuis lors.
— Vous êtes donc malheureux ? dit Isabeau en se rapprochant du jeune homme avec un air d’intérêt qui semblait touchant.
Georges fit un signe de tête profondément affirmatif.
— Oh ! moi j’aime les gens malheureux, racontez moi tout, mon ami.
Elle était si attrayante, si provocante, en parlant