Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/282

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tesse. Souvenez-vous que je vous l’avais dit. Ainsi, vous êtes brouillés ?

— Vous vous trompez, chère comtesse, nous ne sommes pas brouillés, mais…

— Mais ?…

— Je vous dirai cela plus tard.

— Non, à l’instant.

— Mais puisque vous partez ?…

— Vous savez qu’il se marie.

— Oui, oui, je sais, dit Georges.

— Le tueriez-vous, si je vous le disais ?

— Comment donc ! tout de suite, chère Hermione, répondit Georges en riant.

— Vous n’êtes pas sérieux, fit la comtesse, en se levant et en scrutant de l’œil toutes les parties de l’appartement ; puis elle se mit à tout regarder, comme font les femmes.

— Comme vous êtes drôlement logé, mon cher. Combien payez-vous ? Pouah ! cela sent les livres, les dossiers, le vieux cuir ! Oh ! les avocats ! Moi qui ai en horreur cette espèce ! Vous devez être drôle avec votre robe et votre toque. Dites-moi donc, pendant que j’y songe, quelle différence y a-t-il entre un avocat, un avoué et un notaire ? Dieu ! une heure et demie ! moi qui dois me trouver à une heure aux magasins du Louvre ! Adieu ! adieu !

— Comment, adieu ? À ce soir, vous voulez dire ?

— Je devrais répondre non, pour vous punir.

— Oh ! je vous en supplie ! Tenez, je me mets à vos genoux.

— Je vous rendrai malheureux, je vous en préviens.

— Oui, oui, dit Georges, tout ce que vous voudrez.