Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/309

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l’abandonnait jamais, sa bouche était pleine de sourires ; elle écrivait devant un petit secrétaire en bois de rose du plus pur Louis XVI orné de bronzes ciselées par Gouttières.

— Je vous attendais. Rien n’est arrivé, n’est-ce pas, mon ami ? J’ai le coffret là, dit-elle tout bas.

— Vraiment, dit Georges en s’efforçant de remplacer par une fureur concentrée l’admiration qui lui montait au cœur, je serais assez curieux de le voir.

— Mais le voila ! dit la comtesse en passant dans une chambre voisine. Ah ! il aurait fallu le don de la seconde vue pour le trouver où je l’avais mis, et elle l’apporta sur la table pendant que son regard perçant interrogeait le visage du jeune homme assis devant la table et regardant le coffret avec une glaciale indifférence.

Il releva vivement la tête, la comtesse avait déjà cessé de l’observer, et, pour dissimuler un intervalle de silence, elle rejetait comme Vénus, et avec des mains non moins belles, une tresse de ses cheveux qui venait de tomber sur son cou.

— Je suis fort intrigué de savoir ce qu’il y a là-dedans, dit Georges d’un air ironique ; avez-vous vu ce qu’il y a là-dedans ? Il paraît que ne n’est pas la boîte de Pandore, car votre front n’a point pâli…

— Vous avez dit ?… fit la comtesse en échangeant avec le jeune homme un regard avant-coureur des tempêtes.

— Je dis, madame, répondit Georges sans se lever et en repoussant le coffret devant lui, je dis que je suis pas surpris qu’il soit fermé… puisqu’on a pu… l’ouvrir…

La comtesse comprit qu’une scène allait éclater, et