Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/325

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C’est à ce moment que l’on entendit la cloche du signal qui annonçait Georges Raymond.

Le comte de Marcus n’était point encore sorti quand on lui apporta la carte de Georges Raymond.

Il passa dans son cabinet, où Georges fut introduit, et, sans parler, il fit au jeune avocat un signe gracieux pour s’engager à s’asseoir.

— Vous ne me connaissez point, monsieur le comte, et les circonstances qui m’amènent, excuseront, je l’espère, à vos yeux, ce que ma démarche peut avoir d’improvisé, dit le jeune avocat ; je suis l’ami intime et le conseil de M. Karl Elmerich, fils légitime de Daniel Bernard, marié antérieurement à Colmar sous le nom de Karl Elmerich, qui était son véritable nom.

— Je connais en effet ces détails qui ont été nouveaux et très étranges pour moi, dit le comte. Je les connais par la démarche qu’a faite ici un agent d’affaires du nom de Doubledent, qui est venu me montrer une série d’actes de l’état civil parfaitement en règle, établissant la filiation d’un héritier légitime dont nous n’avions jamais, ma nièce et moi, soupçonné l’existence. Votre démarche ici ne se rattache-t-elle pas à celle de M. Doubledent ?

— En aucune façon, dit Georges Raymond, qui apprenait pour la première fois la démarche de Doubledent chez le comte de Marcus. Je viens au nom de M. Karl Elmerich lui-même et pour aider à vous délivrer, si cela est possible, des obsessions de cet homme.

Le comte fit un mouvement de tête plein de courtoisie, mais froid. Il ne savait pas en somme à qui il avait affaire.

— Vous ne paraissez pas connaître entièrement la situation, dit-il. M. Doubledent est mandataire de