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M. Karl Elmerich ; il l’est aux termes d’une procuration notariée qui lui donne les pouvoirs les plus étendus au regard du détenteur actuel de la succession.

Georges Raymond n’avait pu que soupçonner l’existence de cette procuration, d’après ce que Karl lui avait raconté de sa première entrevue avec Doubledent et de la pièce que ce dernier lui avait fait signer. Georges fit un signe comme pour indiquer qu’il n’ignorait rien de tout cela, afin de ne pas avoir une situation fausse dans un entretien de cette importance.

— Cette procuration importe peu, dit-il ; M. Karl Elmerich la révoquera quand il le voudra, et il suffira que je lui en donne le conseil.

— Soit, dit le comte de Marcus en souriant ; mais je ne vois pas comment vous pourriez vous passer de M. Doubledent, car c’est lui qui possède tous les titres établissant la situation de M. Karl, et M. Doubledent mis de côté, il n’y aurait probablement plus d’héritier de Daniel Bernard en état d’établir ses droits.

— C’est parfaitement vrai, monsieur le comte, dit Georges Raymond qui ne pouvait s’empêcher de remarquer la sagacité que M. de Marcus apportait dans cet entretien ; aussi la première question qui se pose est-elle de se débarrasser de Doubledent à prix d’argent…

— Et à quel prix croyez-vous qu’il serait possible de le désintéresser ?

— Je crois qu’il faut songer à une somme considérable… peut-être six cent mille francs.

Le comte de Marcus regardait de temps en temps le jeune avocat avec un regard pénétrant qui indiquait un reste de défiance, et Georges Raymond devinait que malgré toute son audace, Doubledent avait